Le cri d'Antigone

Il s’agit d’un procès. Ou alors plus simplement d’une question... C’est quelque chose qui s’ouvre, qui porte à réfléchir collectivement. Un débat lancé et mis sur la place publique. Avec ses rebonds, ses dérapages, ses éclairages aussi... C’est un opéra de route, une fable intemporelle posée là pour un instant.

C’est le procès que fait Antigone à ses créateurs, au monde, à la suprématie masculine, à une certaine forme de féminisme aussi, à tout ce qui a fait d’elle ce qu’elle est à nos yeux de contemporains, sans jamais ni le vouloir ni le chercher.

Dans la mythologie grecque, Antigone (en grec ancien Ἀντιγόνη / Antigónê) est la fille d’Œdipe, roi de Thèbes, et de la reine Jocaste. Elle est ainsi la sœur d’Étéocle, de Polynice et d’Ismène. Son oncle Créon, frère de Jocaste, est également le père de son fiancé Hémon. Elle est surtout connue par deux tragédies de l’auteur athénien Sophocle, conservées jusqu’à nos jours : Antigone, où Antigone s’oppose jusqu’à la mort à Créon qui avait interdit d’ensevelir son frère Polynice pour des raisons politiques, et Œdipe à Colone, où elle apparaît principalement en tant que guide de son père Œdipe, aveugle et exilé. Ces deux pièces ont connu une abondante postérité dans les arts pendant et après l’Antiquité, jusqu’à l’époque actuelle. Antigone, et en particulier son combat contre Créon, ont revêtu de nombreuses significations selon les œuvres.

Figure emblématique d’une forme d’insoumission à la puissance et à la loi des hommes, elle revêt aujourd’hui une signification toute particulière. A travers les époques, ce sont pourtant principalement des hommes qui l’ont façonnée, écrite, peinte et mise en scène : Sophocle, Lytras, Norblin, Dupré, Hölderlin, Honneger, Orf, Cocteau, Anouilh, Brecht, Rzewski, Bauchau...

Antigone souhaitait-elle réellement revêtir ce masque de l’insoumise ? Sa posture de femme qui dit non et refuse l’ordre établi n’est-elle pas la vision des seuls hommes ? Une vision empreinte de condescendance, de désir, de refoulement ? Nous convoquons Antigone pour qu’elle parle, qu’elle dise sa colère, que son cri enfin éclate...

Le spectacle sera un objet à part, mini opéra, théâtre de sons, d’objets et de formes, donnant naissance à un moment suspendu, laissant Anti- gone prendre les rennes et guider tout le monde dans son épopée initiatique.
Antigone représente la résistance à l’oppression et à l’ordre établi, dicté par la loi des hommes. Elle traverse les siècles, régulièrement ressuscitée par des auteurs qui, chacun, perpétuent en elle le mythe du refus d’obéir.

Aujourd’hui, à l’heure d’un féminisme enfin mieux entendu et au regard des terribles révélations de violences sexuelles présentes dans tous les milieux (mais quasi exclusivement perpétrées par des hommes et à l’encontre de femmes), Antigone semble prendre les contours d’une icône païenne déterminée à contrer l’implicite domination des hommes.

Tour a tour réelle, dangereusement humaine ou simple image (projection d’une vision de la femme par les hommes, ses propres créateurs), Antigone se confronte à eux dans une colère résignée qu’ils ont eux même créée. Elle cherche à se détacher enfin et pour de bon, après des siècles de résilience, de leur présence condescendante sur sa situation de femme incomprise.

Le Cri d’Antigone est un procès d’intention. C’est un cri, une révolte, un autodafé d’un personnage contre ses créateurs.

Distribution

Vincent Lhermet : clavecin
Elise Chauvin : soprano
Alice Pierot : violon baroque
Eric Brochard : basse électrique
Anne Monfort : metteuse en scène
Fabrice Favriou : guitare électrique
Loïc Guénin : composition, direction artistique, percussions, objets sonores, électroacoustique.
Vincent Beaume : Création Lumière
Yoann Coste : Régie son
Thierry Llorens : Régie générale

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Agenda de tournée

  • Le Cité Musicale de Metz, Metz
  • Le Festival Propagations - Friche Belle de Mai - Petit Plateau, Marseille