Intentions
Certain·es sont fasciné·es par une star de cinéma, un rappeur, une influenceuse ou un homme politique. Je suis fascinée par un personnage historique. Par une femme née 124 ans avant moi, une femme dont l’opinion était redoutée, une femme qui a changé la société dans laquelle elle vivait. Pourtant, peu de gens la connaissent aujourd’hui. Caroline Remy (1855-1919) signait ses articles sous le pseudonyme de Séverine. Dans la France d’après 1881, celle de la nouvelle loi sur la liberté de la presse, cette journaliste – une des pionnières – a écrit plus de 6000 articles. Son nom est souvent associé à son engagement social - la défense des pauvres - et féministe : elle est la première femme à diriger un journal. Elle est l’une des figures de La Fronde, le premier journal réalisé entièrement par des femmes, depuis les typographes jusqu’à la rédactrice en chef. En se plongeant dans quelques-uns des épisodes de la vie de Séverine alias Caroline Remy, une Européenne du XXIe siècle comme moi mesure le chemin parcouru, les luttes étouffées, les redondances de l’histoire. Il est facile de voir des échos avec notre époque en lisant Séverine vanter puis dénoncer le boulangisme, mouvement politique se nourrissant d’antiparlementarisme et de la crise économique. Ou de faire les liens avec nos luttes en voyant ses prises de position sur les droits des femmes, des pauvres, des immigrés, etc. Ou encore quand elle dénonce ceux qui traitent l’amour avec condescendance, ces « apôtres du gris, ces mâcheurs de brume ».
Longtemps je n’ai rien su de ce prénom qui est le mien. « C’est ça, donne-lui le nom d’une révolutionnaire de gauche ! », avait lancé ma grand-mère à ma mère qui venait d’accoucher. Ma mère ne savait pas qui était Séverine. Le prénom lui plaisait, c’est tout. Aujourd’hui je suis journaliste, rédactrice en chef d’un mensuel, et féministe. Je tisse depuis longtemps un lien avec Séverine : la trouvant par hasard dans un musée, la cherchant vainement dans les dictionnaires, l’invoquant comme modèle. Un personnage historique peut-il aider à se construire ? Les éditions Les Pérégrines se sont déjà montrées intéressées par la publication de « De Séverine à Séverine » (titre provisoire) dans leur collection Les Audacieuses. A une échéance de 2026 ou 2027. J’aurai besoin d’une résidence d’écriture pour avancer mon projet et achever de les convaincre. »
Médiations
Séverine Garnier a pu réaliser deux ateliers d’écriture avec les élèves du collège de Sault.